Image satellite de l'ouragan Melissa à l'approche de la Jamaïque, le 27 octobre 2025 ( RAMMB/CIRA / - )
L'ouragan Melissa, qui pourrait être le plus violent à toucher terre en Jamaïque et a déjà fait plusieurs morts, a commencé mardi à frapper le pays caribéen avec son lot d'inondations et de glissements de terrain.
Avec des vents soufflant jusqu'à 280 kilomètres par heure, l'ouragan de catégorie 5, la plus élevée dans l'échelle de Saffir-Simpson, est déjà responsable de trois décès en Jamaïque, trois en Haïti et un en République dominicaine.
"Ne sortez pas", insiste le centre national américain des ouragans (NHC), qui anticipe des bourrasques "potentiellement mortelles", des inondations et des ravages d'une ampleur comparable à ceux causés par les ouragans Maria en 2017 ou Katrina en 2005, à Porto Rico et à La Nouvelle-Orléans.
Au moins 1,5 million de personnes, sur les 2,8 millions d'habitants de l'île, pourraient être touchées, selon la Croix-Rouge. "Mais ce chiffre est largement sous-estimé (...). L'ensemble de la population pourrait en subir les conséquences d'une manière ou d'une autre", a déclaré mardi Necephor Mghendi, chef de délégation à la Fédération internationale de la Croix-Rouge, en conférence de presse à Genève.
Selon les autorités jamaïcaines lundi, trois personnes ont été tuées alors qu'elles se préparaient en coupant des branches et en travaillant sur des échelles. Les ports et l'aéroport international ont été fermés.
S'il ne perd pas en intensité, il s'agira de l' ouragan le plus puissant à toucher terre en Jamaïque depuis le début des suivis météorologiques.
Le Premier ministre Andrew Holness a alerté sur des risques de dégâts majeurs dans l'ouest du pays. "Je ne pense pas qu'une seule infrastructure de cette région puisse résister", a-t-il déclaré sur CNN, appelant les habitants à évacuer les zones les plus à risques.
- Refus d'évacuer -
Trajectoire prévue de l'ouragan Melissa au 28 octobre à 9h20 GMT et probabilité que les vents dépassent 120 km/h autour de cette trajectoire au cours des 5 prochains jours, selon les données du NHC ( AFP / Nalini LEPETIT-CHELLA )
Mais de nombreux habitants refusent. "Je ne veux tout simplement pas partir", explique Jennifer Ramdial, une pêcheuse rencontrée lundi à Port-Royal, petite bourgade côtière près de la capitale Kingston.
"Même s'il était de catégorie 6, je ne bougerais pas", a abondé Roy Brown, plombier-carreleur.
Selon lui, beaucoup ont gardé de mauvais souvenirs des abris anti-ouragans proposés par les autorités. Selon le Premier ministre, 881 abris sont ouverts dans l'île.
De fausses vidéos générées par l'intelligence artificielle minimisant l'ouragan ont par ailleurs envahi les réseaux sociaux, a constaté lundi l'AFP, avec des habitants faisant la fête ou du jet ski. "Je vois toutes ces vidéos circuler. Beaucoup d'entre elles sont fausses", a regretté Dana Dixon, ministre de l'Information.
"Il y a ces casse-cou qui préfèrent rester avec leurs biens. Nous leur souhaitons bonne chance", a commenté pour sa part à l'AFPTV Esther Pinnock, responsable de la communication pour la Croix-Rouge en Jamaïque.
Fortes vagues avant l'arrivée de l'ouragan Melissa à Kingston, en Jamaïque, le 25 octobre 2025 ( AFP / Ricardo Makyn )
A Saint-Thomas, dans l'est, une soixantaine de personnes étaient réfugiées dans l'école primaire, a constaté l'AFP.
Melissa doit provoquer mardi une submersion marine pouvant atteindre quatre mètres, menaçant d'inondations le littoral sud de la Jamaïque, ainsi que des pluies torrentielles dans les terres, a prévenu Michael Brennan, directeur du NHC.
"Tout le monde en Jamaïque doit être désormais dans un endroit sûr, afin d'y rester le temps que la tempête passe", a-t-il prévenu.
- Changement climatique -
L'ouragan évolue à une vitesse très basse, de 4 km/h. Pluies et vents puissants pourraient donc s'éterniser. La tempête "est lente et large, donc toutes les zones de l'île devraient ressentir un certain impact", souligne Esther Pinnock, évoquant déjà quelques incidents de glissements de terrain.
Des bateaux de pêche amarrés les uns aux autres avant l’arrivée de l’ouragan Melissa dans le village de Rae Town, à l’est de Kingston, en Jamaïque, le 25 octobre 2025 ( AFP / Ricardo Makyn )
D'autant que les sols étaient déjà lourds, gorgés d'eau après les pluies des semaines précédentes, aggravant les risques de glissements de terrain.
Pour le climatologue Daniel Gilford, le changement climatique aggrave par ailleurs "tous les aspects les plus néfastes" de l'ouragan.
"Il entraîne des précipitations et des submersions côtières plus importantes et avec des intensités plus fortes que ce qui aurait été observé dans un monde sans changement climatique", a-t-il assuré à l'AFP.
Le dernier ouragan majeur à avoir touché terre en Jamaïque était Gilbert, en septembre 1988, tuant 40 personnes et faisant d'énormes dégâts.
Des sacs de sable placés à l'entrée d'un bâtiment avant l'arrivée de l'ouragan Melissa à Kingston, en Jamaïque, le 25 octobre 2025 ( AFP / Ricardo Makyn )
L'ouragan devrait toucher Cuba tôt mercredi. Les autorités ont fermé des écoles et commencé à évacuer des habitants, alors que le manque d'électricité freine la bonne diffusion des messages d'alerte.
Continuant sa route vers le nord, l'ouragan pourrait ensuite toucher le sud des Bahamas et l'archipel des îles Turques-et-Caïques, un territoire britannique.

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